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Jul 01, 2023

Critique de « Red Rooms » : un refroidisseur glacial et efficace rend le meurtrier moins effrayant que ses groupies

Un personnage central du thriller inquiétant de Pascal Plante est un homme à l'air de souris, le genre d'anonyme auquel on ne prêterait pas attention, jugé pour les meurtres brutaux de trois adolescentes, qu'il a diffusés en direct sur le dark web. Et il n'est même pas la personne la plus effrayante à l'écran dans Les Chambres rouges.

Ce serait Kelly-Anne, interprétée à la perfection glaciale par Juliette Gariépy. Pour des raisons jamais expliquées dans le film — présenté au Festival international du film de Karlovy Vary — le mannequin à succès Kelly-Anne est devenue obsédée par Ludovic Chevalier (Maxwell McCabe-Lokos, personnifiant la banalité du mal), dont le cas est entendu dans une salle montréalaise. salle d'audience.

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Bien que le tueur soit masqué dans deux des vidéos de snuff (la troisième est restée introuvable), il existe une prépondérance de preuves contre Chevalier, qui est assis seul dans une cabine comme un Adolf Eichmann des temps modernes. Il est d'autant plus terrifiant qu'il se montre impassible, comme s'il s'ennuyait vaguement de ce qui se passait.

Kelly-Anne se présente au tribunal tous les jours, vraisemblablement pour soutenir Chevalier, surnommé par les médias le « Démon de Rosemont », même si le mannequin n'exprime jamais ses sentiments d'une manière ou d'une autre à qui que ce soit.

Cela contraste fortement avec sa camarade groupie tueuse en série, l'adolescente Clémentine (Laurie Babin), qui insiste sur l'innocence de Chevalier et proclame haut et fort son indignation face à son accusation à quiconque veut bien l'écouter. Alors que progresse un procès au contenu horriblement graphique, la mère d'une victime déclare son dégoût aux improbables partisans de Chevalier : « Vous crachez sur la tombe de notre fille. »

Unis par leur intérêt commun, les deux femmes tissent une complicité. Kelly-Anne invite Clémentine, manifestement sans abri, à s'installer chez elle, un appartement stérile dans un immeuble moderne offrant des vues magnifiques et le bruit constant du vent sifflant. Kelly-Anne se révèle être une experte en technologie, sa vie étant gérée par une IA conçue sur mesure nommée « Guenièvre », qui répond à toutes les commandes vocales, racontant même des blagues pas si mauvaises lorsqu'on le lui demande.

Bien que ses convictions soient sérieusement erronées, l'immature Clémentine montre au moins des signes d'humanité, sombrant dans l'hystérie après avoir appelé à un talk-show télévisé à sensation et avoir été rapidement humiliée par l'animateur. Kelly-Anne, quant à elle, est aussi impartiale que son assistante IA, ne révélant ses conflits internes que lorsqu'elle se pousse jusqu'à l'épuisement lors d'une séance d'entraînement. C'est une qualité qui lui sert bien dans son métier, dans lequel elle apparaît comme un magnifique mannequin vierge. Il en va de même pour son rôle parallèle en jouant au poker en ligne, où son absence d'émotion fait d'elle une gagnante constante.

S'appuyant sur la tendance bizarre des femmes à devenir amoureuses des tueurs en série, qui n'a fait que devenir de plus en plus répandue dans les temps modernes, le film nous laisse deviner où va l'histoire - à la fois en termes de relation symbiotique entre les deux femmes et jusqu'où Kelly-Anne poursuivra son obsession, même au prix de perdre sa carrière.

La réponse est finalement révélée dans une scène d'audience inquiétante lorsqu'elle fait un geste dramatique et est récompensée par Chevalier manifestant son intérêt pour la première fois. C’est à ce moment-là que l’histoire prend une tout autre direction fascinante.

Le scénariste-réalisateur canadien-français Plante — dont le dernier long métrage, Nadia, Butterfly, était sélectionné à Cannes en 2020 — fait preuve d'un puissant contrôle stylistique sur son matériel provocateur, depuis les visuels élégamment froids et les effets sonores inquiétants (ce vent sifflant semble résonner à travers Kelly -L'âme creuse d'Anne) à la partition inquiétante de Dominique Plante, qui sonne comme une fugue de Bach en panne.

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